II
Vers le grand large

— Tout le monde sur le pont ! Tout le monde en haut à prendre un ris dans les huniers !

Comme une voix lancinante de cauchemar, l’ordre était repris au sifflet et répercuté d’un bout à l’autre de la Gorgone, à tous les ponts. Le bateau vibra bientôt sous les piétinements, tandis que les hommes de quart se précipitaient à leurs points de rassemblement.

Bolitho secoua violemment Dancer par l’épaule et manqua presque le faire chuter de son hamac.

— Debout, Martyn, on appelle à la toile !

Il attendit tandis que l’autre enfilait ses chaussures et son manteau, puis ils coururent tous deux jusqu’à l’échelle la plus proche. Cela faisait déjà trois jours, non, presque quatre, qu’ils étaient à ce régime. Depuis le moment où le soixante-quatorze avait levé l’ancre et embouqué la Manche pour se diriger vers l’Atlantique, ils n’avaient cessé de modifier la voilure. Les hommes épuisés grimpaient dans les vergues tremblantes, houspillés par les cris incessants du premier lieutenant. Cela aussi contribuait au cauchemar : pour dominer le fracas de la mer et du vent, Verling se servait de son porte-voix et ses cris aigus agissaient comme un aiguillon sur les aspirants à bout de nerfs.

Tout était naturellement bien pire pour les matelots nouvellement embarqués : un aspirant n’est peut-être pas grand-chose sur un vaisseau de Sa Majesté, mais un matelot n’est vraiment rien du tout.

Bolitho savait d’expérience que le moindre accroc à la discipline pouvait être dramatique quand on réduisait la voilure par gros temps. Il ne parvenait cependant pas à admettre les brutalités inutiles : car elles s’abattaient sur des hommes trop terrifiés par la perspective de travailler loin au-dessus du pont pour seulement comprendre ce que l’on attendait d’eux.

Tout se passait comme la dernière fois. Il ne faisait pas encore jour, mais une pâle ligne grise apparaissait entre les nuages bas, lumière précieuse qui permettait de trouver son chemin dans la mâture. Les officiers manifestaient leur impatience tandis que les officiers mariniers et les aides du maître d’équipage faisaient l’appel au pied des mâts. Les fusiliers s’étaient rassemblés à l’arrière pour souquer sur les bras d’artimon. Leurs pieds glissaient sur le pont détrempé. Près de la lisse du gaillard, le premier lieutenant dirigeait la manœuvre et illustrait ses ordres avec de grands moulinets de porte-voix.

Bolitho jeta un rapide coup d’œil à la roue double. Quatre timoniers étaient cramponnés aux manchons, et il en déduisit que la houle était encore assez forte pour peser sur le safran et la voilure. Il aperçut Turnbull, le vieux pilote, qui se trouvait à côté d’eux et qui lançait de grands signes à son quartier-maître. Il avait les mains rouges comme des homards.

Le capitaine se tenait à l’écart près des filières de gros temps. Il s’était enveloppé d’un vaste manteau de mer et ses cheveux étaient tout ébouriffés par le vent. Il concentrait son attention sur les huniers, qui étaient avec les focs la seule toile encore établie par ce temps épouvantable.

Bolitho ne l’avait encore jamais observé d’aussi près depuis qu’il était à bord. Vu ainsi d’assez loin, il était toujours aussi calme et digne, insensible à tous ces hommes qui s’activaient, aux hurlements des officiers mariniers.

— Par Dieu, je suis frigorifié ! lâcha Dancer, qui claquait des dents.

Le lieutenant Hope était chargé du mât de misaine, et il le héla.

— Emmenez-les en haut, monsieur Bolitho. Je ne serai pas satisfait tant que vous n’aurez pas encore gagné quelques minutes de plus !

Il y eut un coup de sifflet et tout recommença. Pieds nus, les gabiers de hune se précipitèrent dans les enfléchures tandis que les novices, encore craintifs, les suivaient sous les cris et les coups de canne des officiers mariniers qui veillaient à ne pas voir traîner les choses.

Verling criait pour diriger et guider tout son monde de sa voix aiguë. Déformée par le porte-voix, elle en devenait comme inhumaine.

— Souquez donc sur cette écoute ! Monsieur Tregorren, un de vos hommes a besoin qu’on le pousse un peu, bon Dieu ! Deux hommes de mieux aux bras d’artimon !

Cela n’arrêtait pas.

Il fallait maintenant grimper dans les enfléchures mouvantes, enjamber les gambes de revers, passer à l’extérieur, dans le vide, au-dessus du pont et de la mer démontée, s’accrocher des doigts et des orteils pour éviter de tomber. Puis, sans reprendre son souffle, le gabier grimpait plus haut, gagnait la hune de misaine tandis que d’autres progressaient déjà dans le mât de hune, s’agrippant comme des singes à tout ce qui dépassait pour accrocher la lourde toile durcie par le froid et la rouler. Un train de déferlantes arrivait alors et menaçait de jeter les hommes à bas de leur perchoir. Ils juraient terriblement en se déchirant les ongles sur la grosse toile de tempête, d’autant qu’il leur fallait se débarrasser, en plus, de leurs camarades moins téméraires qui tentaient désespérément de se cramponner à eux.

Bolitho s’accrocha à un galhauban pour regarder ce qui se passait dans les autres mâts. La besogne était presque terminée et le bâtiment déjà soulagé. Il apercevait tout en bas, raplatis comme des nains, les officiers de quart et l’équipe arrière qui achevait de tourner bras et drisses. Toujours campé au vent, le capitaine observait les vergues. Etait-il inquiet ? se demanda Bolitho. En tout cas, il n’en laissait rien paraître.

— Terminez-moi ça, monsieur Hope ! – et Verling ne put se retenir d’ajouter : On dirait qu’il y a quelques bras cassés dans votre division, un peu d’exercice supplémentaire là-haut ne leur ferait pas de mal d’ici au dîner !

Bolitho et Dancer se laissèrent glisser le long d’un galhauban pour trouver en bas un Hope plus fulminant que jamais.

— Bon Dieu de bois, je vais en entendre causer ! – mais il se calma avant d’ajouter : Et quant à vous deux, ça va chauffer si vous ne menez pas vos hommes un peu plus rondement !

Il se dirigea vers l’arrière, et Bolitho remarqua :

— Il aboie mais il ne mord pas. Allez, viens, Martyn, on va aller voir si Starr s’est débrouillé pour nous garder quelque chose à nous mettre sous la dent. Ça ne vaut plus la peine de refaire du hamac, ils vont rappeler bientôt au poste d’entretien.

Lorsqu’ils arrivèrent, courant comme des fous, dans leur poste humide, ils étaient attendus par un homme rougeaud à l’aspect sévère, vêtu d’un manteau bleu. Bolitho le connaissait de nom : Henry Scroggs. C’était le secrétaire du capitaine et il partageait le carré de leurs voisins officiers mariniers supérieurs.

— Bolitho, n’est-ce pas ? fit sèchement Scroggs – et il poursuivit sans attendre la réponse : Mr. Marrack s’est blessé au bras et Mr. Grenfell est de quart…

Il fit une pause, le visage toujours aussi impassible.

— Vous pouvez grimper en vitesse, monsieur, si vous avez toujours la même envie de vous essouffler !

Bolitho songeait à ce qu’avait dit Marrack au sujet de la propreté des chemises, et au piteux état dans lequel il était.

— Viens, je vais t’aider à te changer, intervint Dancer.

— Pas le temps, trancha le secrétaire. Vous êtes le plus ancien après Grenfell et Marrack, Bolitho. Le capitaine ne plaisante pas avec ce genre de choses – il oscillait avec le bateau qui faisait jaillir la mer par-dessus le pont. Je vous suggère vivement de vous dépêcher !

— Parfait, répliqua sèchement Bolitho en attrapant son chapeau – et il reprit le chemin de l’arrière en se courbant sous les barrots.

Complètement à bout de souffle, Bolitho se retrouva derrière une porte recouverte de toile blanche, près de la poupe. L’endroit semblait étrangement calme lorsqu’on sortait des entreponts encombrés par tous les matelots qui descendaient du gréement. Près de la porte, un fusilier était en faction, raide dans le rond de lumière d’un fanal pendu au pont. Il le regarda froidement et annonça :

— L’aspirant pour les signaux, monsieur !

Et pour souligner davantage l’annonce, il frappa le pont d’un vigoureux coup de crosse.

La porte s’ouvrit, et Bolitho vit le garçon du commandant se précipiter pour maintenir le battant – juste ce qu’il fallait pour le laisser passer. On aurait juré le portier d’une grande maison inquiet à l’idée d’introduire un visiteur indésirable.

— Si vous voulez bien patienter ici, monsieur.

Bolitho attendit. Il se trouvait dans une belle antichambre donnant sur la salle à manger du capitaine et qui occupait toute la largeur de la coque. Des verres tintaient dans un coffret d’acajou, des bouteilles et une carafe oscillaient doucement au rythme du bateau, posées sur un grand plateau fixé au-dessus d’une table ronde. Le plancher était recouvert de toile peinte à damiers noir et blanc et les deux neuf-livres placés de chaque bord étaient discrètement masqués sous des housses de chintz.

Une autre porte s’ouvrit à son tour et le garçon annonça :

— Par ici, monsieur.

Il dévisageait Bolitho avec l’air du plus parfait désespoir.

La grand-chambre ! Bolitho s’arrêta dans l’embrasure, le chapeau calé sous le bras, et admira. Ainsi donc, c’était le domaine réservé du capitaine ! La chambre était superbe, à la clarté des larges fenêtres de poupe souillées de sel et d’embruns. On aurait dit, dans la lumière grisâtre de l’aube, les vitraux de quelque cathédrale.

Le capitaine Beves Conway était assis à son vaste bureau et feuilletait nonchalamment une liasse de papiers. Une tasse remplie de liquide fumant était posée à côté de lui. Lorsque la lampe qui se balançait au-dessus du meuble se trouva dans la bonne position, Bolitho vit qu’il portait chemise propre et culotte d’uniforme. La veste bleue à parements blancs était soigneusement pliée sur un petit banc près du chapeau et du manteau de mer. Rien n’aurait pu laisser deviner que cet homme descendait tout juste d’un pont balayé par le vent.

Il examina Bolitho sans manifester le moindre sentiment.

— Nom ?

— Bolitho, monsieur – sa voix, dans la vaste pièce, n’avait plus le même timbre.

— Bien.

Le capitaine se retourna à demi lorsque le secrétaire fit son entrée par une autre porte plus étroite. On distinguait mieux ses traits, à présent accusés par la lueur de la lampe et par le jour venu des fenêtres. Le visage était vif, intelligent, mais les yeux restaient durs et ne laissaient rien paraître.

Il s’adressait au secrétaire d’une voix coupante et allait droit aux faits. Il évoqua divers sujets dont Bolitho peinait à saisir tout les sens.

Ce dernier avait fait un mouvement de côté : il se vit soudain en reflet dans un miroir encadré de dorures, ce qui ne lui était pas arrivé de longtemps. Il n’était pas difficile de deviner pourquoi le garçon, tout à l’heure, avait pris cet air effaré.

Richard Bolitho était maigre et plutôt grand pour son âge. Ses cheveux d’un noir de jais conféraient une sorte de pâleur à son visage pourtant tanné. Avec son vieux manteau de mer acheté dix-huit mois plus tôt et qui n’avait pas pris un pouce, lui, il ressemblait plutôt à un vagabond qu’à un officier du roi.

Il sursauta, comprenant soudain que le capitaine s’adressait à lui.

— Bien, monsieur l’aspirant, euh… Bolitho, des circonstances imprévues font que je dois utiliser vos services pour aider mon secrétaire en attendant que Mr. Marrack soit, euh… soit guéri – il le regardait tranquillement. Quelles fonctions occupez-vous à bord ?

— Batterie basse, monsieur, et la division de Mr. Hope pour la manœuvre.

— Aucune de ces tâches n’exige que vous soyez habillé comme un dandy, monsieur, euh… Bolitho, mais, à mon bord, je désire que tous mes officiers donnent le parfait exemple, quelle que soit la nature de leurs activités. Lorsque vous serez officier, vous devrez être paré à tout. Lorsque l’on commande, on se doit d’être un exemple. Où que ce bâtiment vous emmène, vous ne représentez pas seulement la Marine, vous êtes la Marine !

— Bien monsieur ! – sur quoi Bolitho risqua cette justification : Nous étions en haut à réduire la toile et…

— Oui, je sais – le capitaine esquissa un mince sourire. J’ai passé plusieurs heures sur le pont avant de m’y décider.

Puis, sortant une mince montre en or de sa poche de culotte :

— Retournez dans votre poste et habillez-vous convenablement. Je veux vous revoir chez moi d’ici dix minutes – il fit claquer le couvercle de sa montre : Dix minutes, pas une de plus.

Bolitho n’avait jamais vu dix minutes passer aussi vite. Après s’être fait aider par Starr et Dancer, mais gêné par ce malheureux Eden, qui choisit ce moment pour manifester une fois de plus son mal de mer, il reprit le chemin de l’arrière et se retrouva bientôt devant le factionnaire. Pendant son absence, le bureau s’était rempli de visiteurs affairés : officiers venus prendre avis ou rendre compte des dégâts causés par la tempête, maître d’équipage, disputant (pour autant que Bolitho put le comprendre) contre la promotion de l’un de ses adjoints… Le major Dewar, commandant le détachement de fusiliers, était également présent, les bajoues aussi écarlates que son uniforme. Mr. Poland, le commis, apparut à son tour avec sa tête de belette. Et il ne faisait pas encore grand jour.

Le secrétaire emmena sans façon Bolitho et le conduisit à une étroit bureau près d’une fenêtre d’angle. On apercevait à travers les carreaux épais la mer uniformément grise, coupée par les longues crêtes blanches des vagues. Des bandes de mouettes plongeaient et virevoltaient autour du château arrière, à l’affût de tout ce que le cuisinier pourrait jeter par-dessus bord. À cette seule idée, Bolitho sentit son estomac se contracter. Les oiseaux, songea-t-il, n’avaient guère plus de chance. Le cuistot et le commis n’étaient pas gens à laisser beaucoup de déchets derrière eux.

Il entendait le capitaine parler eau douce avec Laidlaw, le chirurgien, ainsi que des méthodes de lessivage à employer pour permettre aux tonneaux de la conserver de leur mieux tant que durerait la traversée. Le chirurgien avait l’air épuisé. De profondes poches marquaient ses yeux et ses épaules étaient toutes voûtées – sans qu’on pût trancher si c’était là façon de courber une taille gênée à l’ordinaire par la médiocre hauteur des entreponts, ou déformation professionnelle d’un homme trop habitué à se pencher sur ses patients.

— La côte n’est pas terrible par ici, monsieur, disait Laidlaw.

— Mais je le sais bien, bon sang, trancha le capitaine d’un ton rogue. Vous vous imaginez bien que je n’ai pas choisi d’emmener ce bateau et tout ce monde sur les côtes occidentales d’Afrique dans le seul but de mettre à l’épreuve vos capacités !

Le secrétaire se pencha sur son bureau. Il sentait l’aigre – cette odeur qu’ont les draps mal lavés.

— Vous allez commencer par copier ces ordres pour le capitaine, fit-il sèchement. Il m’en faut cinq exemplaires. Et que ce soit propre et net et bien écrit, sans quoi vous aurez de mes nouvelles.

Bolitho attendit que Scroggs se fût un peu éloigné et tendit l’oreille pour essayer de surprendre les conversations du petit groupe rassemblé autour du capitaine. Tout à l’heure, alors qu’il se démenait pour trouver une chemise et une cravate propres, la crainte qu’il avait d’abord ressentie en étant pour la première fois confronté à son commandant s’était teintée d’amertume. Conway avait balayé d’un revers ses pauvres tentatives d’explication, lui offrant le visage d’un capitaine constamment sur le pied de guerre, d’un homme infatigable qui trouve toujours une solution à tout. Et voilà qu’à présent, en l’entendant évoquer de cette voix calme, posée, les quatre mille milles qu’il leur restait à parcourir, évaluer les différentes routes possibles, peser la grave question de l’eau, des vivres, de l’entraînement de l’équipage… son amertume n’était pas loin de se muer en admiration.

Il avait cru que cette chambre était toute vouée au luxe, et il voyait que le capitaine devait y régler seul quantité de problèmes, sans pouvoir partager ses doutes avec quiconque, sans avoir même latitude de déléguer aucune de ses responsabilités. Bolitho réprima un frisson. Lorsqu’elle abritait un homme incapable de dominer ses hésitations, la grand-chambre pouvait fort bien devenir une prison.

Il revivait des souvenirs d’enfance, se revoyait à bord du bâtiment de son père, lors d’un de ses rares et si précieux passages à Falmouth. Les choses paraissaient tellement différentes ! Les officiers de son père étaient souriants, affables, quelques-uns se montraient même presque obséquieux en sa présence. Au lieu qu’à son premier embarquement comme aspirant, les officiers avaient paru être une race de gens aussi intolérants que mal embouchés.

Scroggs s’approcha et lui fourra dans la main un billet plié.

— Portez ce message au bosco et revenez immédiatement.

Bolitho ramassa sa coiffure et se faufila en vitesse derrière le grand bureau. Il passait la porte quand la voix du capitaine l’arrêta net.

— Comment vous appelez-vous déjà, voulez-vous ?…

— Bolitho, monsieur.

— Parfait. C’est tout pour vous, et n’oubliez pas ce que je vous ai dit tout à l’heure.

Conway se plongea le nez dans ses papiers et attendit que la porte fût refermée. Lorsqu’il releva la tête, il s’adressa au chirurgien :

— Rien de tel pour faire savoir aux gens ce qui les attend que de permettre à un jeune aspirant de laisser traîner ses oreilles.

Le chirurgien le regardait attentivement.

— Je crois que je connais la famille de ce garçon, monsieur. Son grand-père était au Québec avec Wolfe.

— Vraiment ?

Conway était déjà passé au papier suivant.

— Il était contre-amiral, ajouta doucement le médecin.

Mais Conway pensait à autre chose, le sourcil plissé par la réflexion.

Le chirurgien soupira : son capitaine était redevenu inaccessible.

 

A rude école
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